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Rythme et vers.

- LE RYTHME DANS LE VERS
- ENJAMBEMENT, REJET ET CONTRE-REJET
- CÉSURE ET HÉMISTICHE 

RYTHME ET VERS

 

Le principe élémentaire du vers, c'est "le nombre" ou "la quantité".

Entre autres, le vers latin repose sur la quantité de syllabes brèves ou longues qui déterminent son rythme et qu'on appelle "pieds". Chaque pied a, dans ce cas, plusieurs syllabes longues ou brèves avec des temps forts et des temps faibles. On appelle ce vers le vers métrique.

Le vers français ne se base plus sur l'accent tonique qui est variable mais sur le nombre des syllabes. Il est alors appelé vers syllabique. Il se mesure par le nombre de syllabes qui le composent.

D'où l'importance de la diérèse qui permet de savoir si les deux voyelles formant une diphtongue se prononcent en une ou deux syllabes.

Il ressort de ceci que le mot pied ne peut être employé dans le cas de la poésie française. Un alexandrin ne se compose pas de 12 pieds mais de 12 syllabes.

Le rythme qui parachève l'œuvre du poète classique est régi par des règles très strictes qui définissent et réglementent le vers afin que l'oreille le saisisse dans un rapport simple et instantané.

Le nombre des accents est variable, celui des syllabes est fixe. L'ensemble doit donc être pair pour qu'il y ait symétrie. Un vers ne peut aller seul; il n'atteindra sa plénitude que s'il est, au minimum, doublé.

D'une part, l'oreille ne pouvant saisir, normalement, en une seule fois, que sept syllabes, le vers doit donc, à partir de huit syllabes, être scindé en plusieurs parties qu'on appelle césure. La césure médiane principale est appelée hémistiche.

A l'origine, les poètes utilisèrent le vers de huit syllabes, puis de dix syllabes (chanson de Roland), enfin l'alexandrin (douze syllabes) qui depuis fut le plus utilisé car il possède une grande variété de rythme: lui seul peut être divisé par deux, trois, quatre, six et sa moitié peut l'être encore par deux et trois.

Les vers classiques n'ont jamais dépassé douze syllabes.
 

L'ENJAMBEMENT - LE REJET

 

Pour faire ressortir le repos de la rime ou de l'hémistiche, les classiques s'interdisent "l'enjambement" c'est-à-dire le report au vers suivant ou à la deuxième partie de l'alexandrin de mots liés directement au dernier mot les précédant. Ils n'admettent que le "rejet".

Il y a enjambement quand il n'y a aucune possibilité de repos à la fin du vers ou de l'hémistiche.

 L'enjambement est interdit au vers alexandrin, surtout dans les genres soutenus. Boileau fait un mérite à Malherbe d'avoir établi ou du moins respecté cette règle :

Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber. 

Ronsard l'a complètement ignorée:

Hélas! prends donc mon cœur avecque cette paire
De ramiers que je t'offre ; ils sont venus de l'aire...
Et le banc périlleux, qui se trouve parmi
Les eaux, ne t'enveloppe en son sable endormi. 

La Harpe lui en fait le reproche : "Son affectation presque continuelle d'enjamber d'un vers à l'autre, est essentiellement contraire au caractère de nos grands vers. Notre hexamètre, naturellement majestueux, doit se reposer sur lui-même; il perd toute sa noblesse si on le fait marcher par sauts et par bonds : si la fin d'un vers se rejoint souvent au commencement de l'autre, l'effet de la rimé disparaît, et l'on sait qu'elle est essentielle à notre rythme poétique... Toujours rempli des Grecs et des Latins, Ronsard va sans cesse enjambant d'un vers à l'autre."

Cette nymphe royale est digne qu'on lui dresse
Des autels....

Les Parques se disoient : Charles, qui doit venir
Au monde....

Je veux, s'il est possible, atteindre la louange
De celle.... 

"Il ne s'aperçoit pas que placer ainsi une chute de phrase au commencement d'un vers, est tout ce qu'il y a de plus ridicule, et qu'alors, pour me servir d'une expression triviale, mais juste, le vers tombe sur le nez, ou plutôt qu'il n'y a plus de vers."

Les poètes de ce temps font perpétuellement la même faute :

Dorat, qui, studieux, du mont Parnasse avoit
Reconnu les détours, et les chemins savoit
Par où guider mes pas. 0 muses, qu'on me donne
De lauriers et de fleurs une fraîche couronne! BAÏF.
De tout, peut-être enfin aurons-nous quelque chose.ID
L'Immortel attendri n'eut pas sonné sitôt
La retraite des eaux, que soudain flot sur flot
Elles vont s'écouler; tous les fleuves s'abaissent. Du MITAS. 

Et même les élèves de Malherbe y retombent quelquefois :

Vous ne me verrez plus assis dessus les bords
De vos ruisseaux d'argent, rompre votre silence
Par mes divins accords. MAYNARD. 

Dans une de ses premières tragédies, Racine a laissé échapper un enjambement

Le feu de ses regards, sa haute majesté
Font connoitre Alexandre. Et certes son visage
Porte de sa grandeur l'ineffaçable image. 

Corneille, Boileau, Racine, n'étaient pas des autorités pour les mauvais poètes de leur temps, et l'enjambement fut pratiqué même dans le grand siècle. Boileau cite des vers d'un abbé Régnier, traducteur de l'Iliade, qui en sont remplis

Il faudroit que je fusse, interrompit Achille,
Bien indigne, bien lâche, et d'une âme bien vile
Pour te céder. Commande aux autres à ton gré...
Consultons un devin, un prêtre, un interprète
De songes. Car souvent, etc.

C'était, alors, un retour vers la barbarie. 

Roucher, qui publiait en 1779 son poème des Mois, offre des exemples trop nombreux d'enjambement:

Il sort; Rose après lui retrouve sur la plage
Ses voiles', et tous deux sont rentrés au village...
Mais, tandis que la neige au fond d'une chaumière
Relègue l'indigent, le char de la lumière
Roule, et touche au solstice, et la plus longue nuit
Pour douze mois entiers sous la terre s'enfuit.

Les Romantiques en ont déformé les règles. Du point de vue "classique", c'est inadmissible et ne se comprend pas : on ne peut supprimer tout repos à la fin du vers alors que l'élément primordial de la poésie classique est justement la rime.

Il y a  rejet quand il y a un temps d'arrêt, si court soit-il, afin de faire ressortir le mot rejeté ou le vers suivant complet en lui-même. 

Première remarqueLe rejet est permis quand on a soin d'ajouter aux mots rejetés un développement qui complète le vers:

Oui, j'accorde qu'Auguste a droit de conserver
L'empire, où sa vertu l'a fait seule arriver. CORN
Elle se croit déjà souveraine maîtresse
D'un sceptre partagé, que sa bonté lui laisse. ID.
Qui voit sous ses drapeaux marcher un camp nombreux
De hardis étrangers, d'infidèles Hébreux. RAC. 

Deuxième remarqueIl est encore permis lorsqu'il y a une suspension, réticence ou interruption :

N'y manquez pas du moins : j'ai quatorze bouteilles
D'un vin vieux... Boucingot n'en a pas de pareilles. BOIL.
Est-ce un frère? est-ce vous dont la témérité
S'imagine?... Apaisez ce courroux emporté. CORN. 

Troisième remarqueL'enjambement n'est pas proscrit d'une manière aussi rigoureuse des genres simples, tels que la comédie, la fable, le conte, l'épure badine : 

Que monsieur Chicaneau, puisqu'il est là-dedans,
N'en sorte d'aujourd'hui. L'Intimé, prends-y garde. RAC
Regarde dans ma chambre et dans ma garde-robe
Les portraits des Dandins : tous ont porté la robe. ID.
Par la sambleu, monsieur, je ne croyois pas être
Si plaisant que je suis. MOL.
Je rai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,
Ce qu'on appelle vu. Faut-il vous le rebattre
Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre? ID. 

Quatrième remarqueOn tire quelquefois du rejet d'heureux effets d'harmonie imitative.

Nous en parlerons dans un des chapitres suivants. 

Cinquième remarqueLe rejet est souvent admis dans les vers de dix syllabes. Nous reviendrons également sur ce point.

Au rejet s'oppose le contre-rejet qui suit les mêmes règles.

Dans le cas de contre-rejet, la phrase se termine au milieu du deuxième hémistiche : la seconde commence, de ce fait, juste avant la rime et se poursuit au vers suivant. Cette figure de style permet de créer des coupes très harmonieuses à condition de ne pas affaiblir la rime.

Observation généraleLa règle de l'enjambement est une règle fondamentale qui, avec la rime, tient à l'essence même de notre système de versification; et ces deux règles sont intimement liées. Comme l'a bien senti La Harpe, nos vers ne peuvent enjamber, parce qu'ils riment ; et la rime étant une des premières conditions de notre poésie, tout ce qui tend à la faire disparaître est un véritable contre-sens. 

Prenons une fable de Benserade, et examinons le rythme produit par l'enjambement :

Quelqu'un fit mettre au cou de son chien, qui mordoit,
Un bâton en travers. Lui se persuadoit
Qu'on l'en estimoit plus. Quand un chien vieux et grave
Lui dit : On mord en traître aussi souvent qu'en brave.

Les vers sont complètement désarticulés, et le tout ressemble plus à de la prose qu'à de la poésie.

De toute façon il faut éviter les rejets et contre-rejets de six syllabes. Comme les hémistiches de nos alexandrins sont égaux, l'oreille, n'étant plus guidée par la rime, unira facilement deux hémistiches de deux vers différents, et sera ainsi complètement déroutée. 

Quelqu'un fit mettre au cou
De son chien, qui mordoit, un bâton en travers.
Lui se persuadoit qu'on l'en estimoit plus.
Quand un chien vieux et grave, etc.

Voilà des vers sans rimes qui, sous le rapport de la cadence, satisfont mieux l'oreille que les précédents; car elle demande que le repos le plus marqué soit à la fin du vers, plutôt qu'au milieu.

Conclusion: Les rejets et contre-rejets sont des figures de style créateurs d'effets les plus harmonieux par la mise en relief du terme ou du rythme mais d'un emploi extrêmement délicat et qui demande beaucoup de doigté.


        CÉSURE, HÉMISTICHE. 


Le mot césure veut dire coupure. La césure d'un vers est l'endroit où il est coupé. Le mothémistiche vient du grec, et signifie demi-versDans l'alexandrin, il y a toujours une césure après la sixième syllabe : le vers se trouve ainsi partagé en deux hémistiches égaux :

Où suis-je? qu'ai-je fait? / que dois-je faire encore?
Quel transport me saisit? / quel chagrin me dévote?
 Racine, 1667, Andromaque, Acte V, scène 1 

Le mot hémistiche ne peut s'appliquer qu'au grand vers, l'alexandrin.. 

Dans le vers de dix syllabes, il y a toujours une césure après la quatrième :

Rions, chantons, / dit cette troupe impie.
 Racine, 1691, Athalie. act. II, sc. 9
.

Les autres vers n'ont pas de césure exigée.

Quoique le vers alexandrin puisse se couper en différents endroits, et par conséquent avoir différentes césures, nous entendrons par ce mot la césure par excellence, c'est-à-dire celle de l'hémistiche; de même, dans le vers de dix syllabes, la césure sera toujours le repos placé après la quatrième syllabe. Pour les autres césures du grand vers, césures variables et arbitraires, nous nous servirons plus tard des mots coupe, suspension.

Les règles que nous allons donner pour la césure du grand vers seront applicables au vers de dix syllabes. 

Il n'est pas nécessaire que le repos de la césure soit marqué par un signe de ponctuation.Boileau a donné le précepte et l'exemple dans ces deux vers:

Que toujours dans vos vers le sens, coupant les mots,
Suspende l'hémistiche, en marque le repos.

Voltaire a tracé la même règle avec plus d'étendue :

Observez l'hémistiche, et redoutez l'ennui
Qu'un repos uniforme attache auprès de lui.
Que votre phrase heureuse et clairement rendue
Soit tantôt terminée et tantôt suspendue :
C'est le secret de l'art.

D'un autre côté, le cas se présente souvent où la césure serait insuffisante, que la sixième syllabe ne soit terminé par un mot complet. C'est là un des points les plus difficiles de la versification française.

Pour l'éclaircir, il est nécessaire de parler de l'accent tonique.

On appelle accent tonique, ou syllabe d'appui, la syllabe d'un mot polysyllabe sur laquelle la voix s'élève. L'accent tonique existe dans toutes les langues: en français, il se trouve toujours sur la dernière syllabe quand elle n'est pas muette, et sur l'avant-dernière, ou pénultième, quand la dernière syllabe est muette : soldat, drapeauguerre, armes.

Dans toutes les langues, certains mots, surtout des monosyllabes, en particulier les pronoms et les prépositions, perdent leur accent dans la suite du discours, parce qu'ils se lient par la prononciation au mot suivant. Ainsi dans : Nous sommes, il vient, la ville, par toi, les monosyllabes nous, il, la, par, n'ont pas d'accent, et l'on prononce comme si les deux mots n'en faisaient qu'un.

Mais les mêmes mots pourront prendre un accent si on les transpose : Sommes-nous? vient-il? 

Pareillement on dit, en faisant la première muette : tous les hommes ; et en accentuant cette muette : Nous y serons tous. On dit encore, sans accentuer la préposition : Après ce jour; on l'accentue à la fin de la phrase : Un jour après.

RÈGLE GÉNÉRALE DE LA CÉSURE. La césure doit toujours tomber sur une syllabe accentuée.

    1°- L'e muet comptant pour une syllabe ne pourra jamais se trouver à la césure.

La muette, placée à la césure, doit toujours être élidée, c'est-à-dire se perdre sur une voyelle placée immédiatement après, comme dans ce vers :   

 Oui, je viens dans son temple adorer l'Éternel. RAC

Suivie d'une consonne, elle n'est pas admise à la césure. 

Les terminaisons muettes en s ou nt, dans les noms et dans les verbes, comme livres, joies, tu livres, viennent, emploient, ne seront jamais admises à la césure, par la raison qu'elles ne peuvent s'élider. Il faut excepter les terminaisons en aient de l'imparfait et du subjonctif, comme venaient, viendraient, dans lesquelles les trois dernières lettres sont supprimées par la prononciation, et par conséquent ne sont pas comptées dans la mesure :

Les prêtres ne pouvaient suffire aux sacrifices. RAC

    2° On ne peut séparer par la césure des mots que la prononciation et la grammaire unissent, comme l'article ou l'adjectif possessif d'avec le substantif, la préposition d'avec son complément, les  auxiliaires d'avec les participes, plusieurs mots formant une expression composée, comme rendre raison, porter ombrage, etc.

Ainsi les vers suivants seraient défectueux :

Et redire avec tant de plaisir les exploits.
Redire avec tant de plaisir tous les exploits.

La raison en est que les mots tant, de, ne sont pas accentués. Le vers deviendra correct si l'on met :

Avec tant de plaisir redire les exploits. RAC

Pareillement il n'est pas permis de mettre :

Vous pourrez bientôt lui prodiguer vos bontés.

Mais l'on mettra bien :

Vous lui pourrez bientôt prodiguer vos bontés. RAC

Pour faire sentir la règle de l'hémistiche, Voltaire a fait à dessein ce mauvais vers :

Adieu, / je m'en vais à Paris // pour mes affaires.

D'après ce qui précède, on trouvera la césure trop faiblement marquée dans les vers suivants :

A l'instant que j'aurai vu venger son trépas. ROTROU
Ma foi, le plaisir est de finir le sermon. BOIL.
Un tel mot, pour avoir réjoui le lecteur. ID.
Tout a fui ; tous se sont séparés sans retour. RAC.
Disant ces mots, il fait connaissance avec elle. LA FONT.

    3° La césure est insuffisante quand une partie du second hémistiche est remplie par un"de" qui dépend du premier. Elle l'est également quand le second hémistiche contient un adjectif se rapportant au nom ou un nom se rapportant à l'adjectif qui précède :

Ainsi que le vaisseau des Grecs tant renommé. RÉGNIER.
Lorsque plus d'un désir de liberté me presse.
 Théophile DE VIAU.
La pitié, qui fera révoquer son supplice,
N'est pas moins la vertu d'un roi que la justice. ROTROU.

    4° La césure est bonne quand le sujet (autre qu'un pronom) est séparé du verbe, le verbe de son régime, l'adjectif ou le participe de son complément, pourvu que ce complément remplisse la fin du vers :

Je vois que l'injustice en secret vous irrite. RAC
Avant qu'on eût conclu ce fatal hyménée...
Où me cacher? fuyons dans la nuit infernale...
Dieux! que ne suis-je assise à l'ombre des forêts ! ID.

    5° Les auxiliaires peuvent être dans un autre hémistiche que le participe et l'attribut, pourvu qu'ils ne se trouvent pas précisément à la césure :

Et le jour a trois fois cassé la nuit obscure. RAC.
J'ai des savans devins entendu la réponse...
Oui, ce sont, cher ami, des monstres furieux. ID.
Et fut de ses sujets le vainqueur et le père. VOLT.

    6° Si le complément de la préposition "de", si un adjectif et son complément, ou si plusieurs adjectifs remplissent le second hémistiche, la césure est légitime :

As-tu tranché le cours d'une si belle vie? RAC.
Commande au plus beau sang de la Grèce et des dieux...
Pousse au monstre, et d'un dard lancé d'une main sûre...
Goûte-t-il des plaisirs tranquilles et parfaits? ID.
S'établit dans un bois écarté, solitaire. LA Font.
Dépendre d'une humeur fière, brusque et volage. ID.

    7° Nous avons vu combien était choquante la préposition "à" placée à la césure. Il en est de même des prépositions "pour", "dans", "sur", "par", etc. Mais les prépositions "après", "devant", "malgré", et quelques autres également dissyllabes, sont tolérées à l'hémistiche :

Si toutefois, après ce coup mortel du sort. CORN.
Je me jette au-devant du coup qui t'assassine. ID.
Le feu sort à travers ses prunelles humides. BOIL.
Souffrirez-vous qu'après l'avoir percé de coups. Mc.
J'y suis encor, malgré tes infidélités. ID.

Il en est de même des adverbes "plutôt", "sitôt", "ainsi", "loin", etc., séparés de leur complément par la césure, et aussi de quelques conjonctions :

Ajoutez-y, plutôt que d'en diminuer. CORN.
Aimer la gloire autant que je l'aimai moi-même. tue.
Embrase tout, sitôt qu'elle commence à luire...
Quoi! Narcisse! tandis qu'il n'est pas de Romains, etc. ID.
Mourir en reine, ainsi que tu mourras en roi. RAC.
Ils s'arrêtent non loin de ces tombeaux antiques. ID.
Et je mourrai, plutôt qu'un autre ait votre foi. VOLT.

    8° Des mots ordinairement privés d'accent, comme après, avec, deviennent quelquefois accentués : c'est lorsqu'ils sont employés sans complément. Ils peuvent alors se placer à la césure :

Et n'employons après que nous à notre mort. CORN.
Il avoit dans la terre une sommé enfouie,
Son cœur avec, n'ayant autre déduit
Que d'y ruminer jour et nuit. LA FONT

Nous parlerons plus loin du cas où l'e muet, devenant accentué, peut être admis à la césure.

Remarque générale. Dans les genres soutenus, on est bien plus exigeant pour la césure que dans les genres simples. La comédie, l'épître familière, le conte, se contentent de césures que l'épopée, la tragédie, l'épître sérieuse, trouveraient insuffisantes.


Alexandrin, Décasyllabe et Octosyllabe.