L’amour hors-jeu
L’amour hors-jeu
Fière d’autorité, crois-tu qu’il te suffise
De vouloir que mon corps doive t’appartenir
Pour que je ne puisse décider quelle mise
A ton jeu de l’amour il me faut convenir?
Tu me prétends vicié, corrompu à faiblesse,
Soumis à la passion de nos ébats fougueux,
La proie du vouloir que, (et même s’il me blesse),
Tu es seule reine et je ne suis que le gueux.
J’ai flambé, il est vrai, sans nulle économie
Ni souci du danger, quand je croyais le gain
Alléchant et certain, soumis à bonhomie
D’un penchant complice, stimulé à regain.
Fourberie n’était pas admise à la partie.
Aussi, fus-je ingénu de conserver la main,
Te laissant les atouts sans nulle répartie
Et dictant le hasard en un seul tournemain.
Contre tout précepte, pipée était la donne
Lorsque tu décidas de monnayer l’enjeu,
Déterminant que seul le désir subordonne
Et que tout sentiment est désormais hors-jeu.
J’ai voulu jouer gros, j’accepte le dommage.
Mais c’est sans nul regret de l’investissement,
Ni même prétention que l’on me dédommage,
Que je t’abandonne à ce divertissement.