Libère-la
Libère-la !
Nul sentiment qui soit, n'est acquis à jamais !
Et à toi, prétentieux, à qui plait l'impudence
De possession d'autrui, il te faut désormais
Recommencer ailleurs, vivre la différence !
Tu es responsable, ne le réfutes pas,
Accepte ton échec, envisage la suite !
Pense que, par amour, elle a suivi tes pas,
Nié réalité, refusant toute fuite !
Cela te comblera, restera ta conquête;
Souvenir orgueilleux mais trophée trop usé !
Peut-être soumise, elle épousa ta quête,
A voulu comprendre ! Mais tu as abusé !
Tu la pensais tienne, tu en faisais ta chose,
La voulant servante, la regardant servile.
Mais quand la vanité distille à forte dose
Son indifférence, l'espoir devient futile.
Elle t'a appartenu, de son choix, corps et âme,
Voulant le changement, patientant l'avenir !
Déçue de constance, résignée elle se blâme
Et aspire au futur, à ce qui peut venir.
Que lui as-tu donné, qu'elle fut la différence ?
L'as-tu un jour aimée, apprécié la richesse
De son sacrifice, remercié sa patience ?
Aurais tu seulement respecté sa tendresse ?
Que veux-tu justifier sinon toi-même ?
Rester ce que l'on est, signifie négligence,
Banaliser l'autre, rendre le couple blême !
Comprends sa fatigue, n'ignore l'évidence !
Personne n'appartient à quiconque désire !
Tu crois avoir conquis, mais subis la défaite
De ton arrogance ! Possédée de délire,
Tu la crois égarée, et attends sa retraite !
Mais l'éveil est présent, attend au carrefour !
Et soudain, l'aveugle comprend sa cécité,
Refuse d'insister, se venge de l'amour,
Enfin se résigne, accepte avoir été !
Elle quitte, lasse et fatiguée, l'égoïsme
De ton âme et ton cœur, déchue de l'illusion,
Blessée d'impuissance, mais fière d'héroïsme
Dans ses tentatives de vivre sa passion !
Tu la veux retenir; refus de solitude !
Penses-tu à elle, l'as-tu jamais comprise ?
Réprimer son départ, pour garder l'habitude
De tes exigences, est la croire soumise !
Elle le fut, sois en fier, oui, elle le fut longtemps !
Esclave assumée, fière de ses désirs,
Elle te voulait changé et attendait son temps,
Epouse et fidèle, rendue à tes plaisirs !
Mais tu n'as pas compris ! Tu as profité d'elle,
Ne l'as pas respectée, ne l'as jamais aimée !
Tu es seul coupable si tu la vois rebelle,
Si elle veut la fin, se sentir consommée !
La culpabiliser de son présent vouloir,
Serait vil et menteur, refus de vérité !
Tout sacrifice est vain, lorsque s'oublie l'espoir,
Que l'on veut changement, sait la réalité !
Comprends et accepte, conserve l'amitié,
Ne sois pas ennemi ! Redoutes la récolte
D'un cœur endolori, crains son inimitié,
Et ne refuse pas le temps de la révolte !
Aide-la ! C'est fini ! Toi et elle, oublie !
Sois digne et orgueilleux, toi-même et solitaire !
Libère-la de toi, brise ce qui vous lie :
Un serment enfantin, un prince imaginaire !