Quand tu as dit adieu.
J’ai vu mon cœur expirer sur tes lèvres,
Et s’étouffer, raillé comme un morveux
Qui se noierait dans une eau de genièvres,
Quand sans regret tu as dit : ‘’Je le veux !’’
J’ai vu l’espoir se noyer dans mes larmes
Et s’immoler, finassé par rancœur,
Comme un soldat qui dépose les armes,
Rendu sans gloire au dessein du vainqueur.
J’ai vu mon âme enlacer la démence
Et à jamais éteindre ses couleurs
Dans le brouillard que la haine ensemence,
Quand le passé réveilla nos douleurs.
L’’ardeur aigrie appelant à vengeance,
Avec raideur tu clamais défection,
Aux magistrats implorais obligeance
Me prétendant coupable d’abjection.
Ils ont souillé de nous deux les annales
Les effaçant au fil des tomaisons,
Puis rédigé sur ces pages pénales
Que l’avoué chicanait mes raisons.
Abasourdi, devant la déchéance
De l’amitié qu’il fallait abriter
J’ai vu ma vie asservie à créance
Et l’avenir peu à peu s’effriter.
J’ai vu mon cœur, empreint de félonie,
Se condamner, crucifié dans ce lieu
Et de l’amour décréter l’agonie
Quand noir sur blanc tu as signé ‘’Adieu !’’