Le miracle attendu.
Je n’étais qu’un fantôme éconduit par la mort,
Rasant les murs de l’âge à l’affût de la chute,
Un vieux chêne plié sous le poids du remord,
Un lendemain absent que l’incertain suppute.
Je trainais le chagrin du bonheur refusé
Meurtri par le revers d’un amour illusoire,
Noyé dans le venin se croyant abusé
Et dont l’acerbe fin le rendit dérisoire.
Résigné à l’exil de l’espoir lacéré
J’isolais l’avenir dans un désert aride,
Étouffant mes élans dans un cri ulcéré
Quand mon corps exhibait quelque désir sordide.
Je n’avais qu’illusions et comme seul attrait
Les souvenirs amers d’une âme solitaire,
Trop souvent égarée aux confins de l’abstrait,
Récluse de l’ennui, dans ses jours sédentaire.
Quand je croyais sombrer, indécis de langueur,
Dans le tourment venu d’un soupir de tristesse,
Le miracle attendu ranima la vigueur
De la rage d’aimer, avec délicatesse.
Au milieu de l’hiver le printemps a fleuri,
Baigné de l’émotion ressuscitant mon âme
Quand tendrement ton cœur dans le mien a souri
Éveillant le désir qui devant toi se pâme.
T’appartenant déjà, troublé par ton honneur
Je me donne à l’amour que chaque instant renforce
Ne voulant retenir cet élan de bonheur
Qui refait l’avenir vers lequel il s’efforce.